2025 : des opportunités que la France doit saisir pour soutenir durablement les organisations féministes

Après la Suède, le Canada et le Luxembourg, la France est le quatrième pays en 2019 à s’être officiellement doté d’une diplomatie féministe. Cela lui confère un rôle crucial à tenir sur la scène internationale et l’obligation d’avoir des objectifs ambitieux et une feuille de route claire. Pour le HCE (Haut-Commissariat à l’Égalit, cette diplomatie « peut devenir l’instrument international adéquat pour contrer le recul de la démocratie, à condition d’être portée par une volonté politique forte à tous les niveaux et de se doter de moyens conséquents en adéquation avec l’ambition affichée ». Qu’a prévu la France pour mettre en œuvre sa diplomatie féministe en 2025 ?

Une nouvelle stratégie de la diplomatie féministe de la France qui se fait attendre

On attend toujours que la France se dote d’un document stratégique et d’orientation de sa diplomatie féministe. Sa publication a été repoussée plusieurs fois au cours de l’année 2024. La situation politique actuelle, et la formation récente d’un nouveau gouvernement, risque de retarder encore l’échéance.

Dans son rapport final d’évaluation de la troisième Stratégie Internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2018-2022), le HCE, bien qu’il note quelques réussites, est catégorique : la diplomatie féministe française est floue et manque cruellement de définition, elle est peu portée politiquement et peu financée. Pour la prochaine stratégie, l’une des principales recommandations soutenues par la société civile est de créer un cadre de suivi et de redevabilité clair et précis. Seuls des objectifs mesurables et des indicateurs de résultat permettront d’évaluer l’impact réel des actions. Coordination SUD propose, par exemple, que les parlementaires puissent effectuer un suivi annuel de la future stratégie. « Votant le projet de loi de finances (PLF) chaque année, les parlementaires sont des acteurs et actrices clés pour veiller aux moyens alloués à cette stratégie et à la part de l’APD genrée. »

Un sommet sur les politiques étrangères féministes en juillet 2025

Après trois sommets organisés successivement en Allemagne, aux Pays-Bas puis au Mexique en 2024, c’est la France qui accueillera la 4ème conférence internationale sur les politiques étrangères féministes « Shaping feminist foreign policies », à l’été 2025. Ce sont des dialogues internationaux qui portent sur l’intégration de la perspective féministe dans la formulation et la mise en œuvre des politiques étrangères. Ces conférences visent à explorer la façon dont les principes féministes peuvent influencer les stratégies et les actions diplomatiques des gouvernements à l’échelle mondiale.

L’une des conclusions du Sommet tenu en Allemagne était que les gouvernements et les acteurs internationaux sont responsables de l’impact de leurs politiques sur les femmes et les communautés marginalisées. Sur la base de ce principe, on doit considérer la transparence dans la collecte et la distribution des ressources financières aux initiatives féministes comme une question centrale. Aux Pays-Bas, le Sommet s’est conclu sur la nécessité d’un financement plus direct des organisations féministes locales, particulièrement dans les pays en développement, afin de garantir que les interventions internationales respectent les priorités et les besoins des communautés sur le terrain. Quelles seront les priorités et les conclusions du Sommet qui se tiendra en France ? Quels objectifs ambitieux pourra porter la France pour garantir la mise en place effective de politiques étrangères féministes à travers le monde ? 

Une conférence internationale sur le Financement pour le Développement qui ne s’intéresse pas au genre ?

L’ICFD (International Conference on Financing for Development) est une série de conférences mondiales organisées sous les auspices des Nations Unies, axées sur les moyens de financement du développement économique à l’échelle mondiale. Ces conférences visent à mobiliser les ressources financières nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), en particulier dans les pays en développement. Ce cycle de conférences, qui existe depuis 2002, permet de structurer un cadre global pour le financement du développement durable. Des moments clés pour réévaluer et adapter les mécanismes financiers mondiaux face aux défis économiques, sociaux et environnementaux mondiaux. Pourtant, la quatrième édition de l’ICD, qui aura lieu à Séville en Espagne début juillet, n’intègre pas les enjeux de genre et d’égalité entre les femmes et les hommes alors même qu’il s’agit d’un objectif transversal fondamental des ODD. Il est évident que la France, dans le cadre de sa propre diplomatie féministe, se doit de mettre les enjeux de genre à l’agenda de cette conférence internationale.

En réponse à cet angle mort, un contre-sommet est organisé à Madrid du 21 au 23 mai 2025 à Séville par des organisations de la société civile. Plus d’information sont à retrouver sur le site internet de Walking the Talk.  

La France est une actrice centrale dans la mise en œuvre des politiques étrangères féministes en raison de son influence diplomatique, de ses engagements en matière de droits humains et de coopération internationale, et de ses positions dans des forums multilatéraux.  2025 ne manque pas d’opportunités à cet égard. En renforçant ses efforts pour promouvoir l’égalité des genres dans la politique étrangère, la France peut jouer un rôle moteur dans la transformation des relations internationales.

Pour en savoir plus sur les grands rendez-vous internationaux, consulter l’agenda réalisé par FOCUS 2030.