Du 18 au 20 novembre, dix des vingt-six organisations de femmes et féministes soutenues dans la région d’Amérique Latine se sont réunies à Quito, en Equateur. Elles se sont fixées un objectif : déterminer collectivement le chemin à emprunter pour défendre la santé et les droits sexuels et reproductifs.
Venues de Colombie, du Guatemala et d’Equateur, les représentantes d’organisations de femmes et féministes dans toute leur diversité se sont réunies à l’appel de CARE Equateur et CARE Guatemala dans le cadre de l’initiative Féministes en Action.
Abya Yala, une signification particulière
Dans la langue Kuna, un peuple indigène vivant au Panama, Abya Yala signifie “la terre dans sa pleine maturité” ou “terre généreuse”. Ce terme a été adopté par plusieurs peuples indigènes pour nommer leurs territoires dans les années 90.
De plus en plus utilisée et connue, l’expression Abya Yala a été choisie pour désigner la rencontre qui s’est déroulée.
Quelques jours avant le 25 novembre, la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes, cet événement a donné l’occasion à plusieurs organisations de femmes et féministes de se réunir pour lancer une dynamique commune. Voici le programme.
Une rencontre de soi et des autres
Les deux matinées ont été consacrées au “soin de soi”. Grâce à la musicothérapie et à la méditation, les participantes se sont (re)connectées à leurs émotions, leurs corps et leur environnement. Cela pourrait paraitre dérisoire au premier abord, mais prendre soin de soi est un acte résolument politique et féministe.
Dans une société patriarcale où les corps des femmes sont objectifiés, jugés, violentés, maltraités et discriminés, en prendre soin est aussi une manière de militer. Les luttes féministes passent aussi et surtout par les corps, en prendre soin est donc indispensable.
Ensuite, les femmes présentes ont été invitées à reconstituer l’histoire du plaidoyer de leurs organisations et à réfléchir à leurs capacités, leur posture et leurs réussites dans ce domaine. La restitution de ces travaux a permis à toutes de mieux appréhender et comprendre leur propre travail et celui des autres et de faire émerger les points communs et les forces.
Un objectif commun ambitieux : Montevideo +10
Après avoir étudié ensemble différents mécanismes onusiens qui concernent la protection et la défense des droits des femmes, les participantes ont réfléchi en groupe aux espaces d’influence les plus pertinents à investir au niveau international. Cette réflexion les a menées à définir un objectif collectif : participer à la prochaine conférence du Consensus de Montevideo sur la population et le développement en 2023.
Dès 1954, de grandes conférences internationales sur les sujets du développement et de la population ont été organisées à l’ONU tous les dix ans. En 1994, un Plan d’Action est adopté au Caire, en Egypte, lors de la cinquième conférence. Se met alors en place un mécanisme de suivi jusqu’en 2009. L’année suivante, l’Assemblée Générale des Nations Unies décide de planifier des conférences régionales afin de renforcer la mise en place du Plan d’Action. Pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, la première aura lieu en 2013 à Montevideo, en Uruguay. C’est le “consensus de Montevideo pour la population et le développement”.
Cet accord est considéré comme l’un des plus avancés du système des Nations Unies. Il reconnaît notamment les droits sexuels et reproductifs comme partie intégrante des droits humains et la santé sexuelle comme une condition indiscutable pour le bien-être de la population.
Les échanges, riches en enthousiasme, en énergie et en sororité qui ont eu lieu lors de la rencontre d’Abya Yala ont permis aux organisations présentes de se fixer un but commun et d’initier une dynamique collective pour défendre leurs droits et ceux de toutes les femmes qu’elles représentent. Rendez-vous à Montévidéo+10 !