Depuis 2012, le 6 février est la Journée Internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF). Actuellement, ces violences ont été pratiquées sur plus de 200 millions de filles et de femmes dans le monde. Selon les estimations, pour l’année 2023, 4,32 millions de filles risquent d’en subir.
UNE PRATIQUE RÉPANDUE DANS 31 PAYS DANS LE MONDE
Cette pratique est répandue dans 31 pays répartis sur trois continents, 50 % des victimes de l’excision vivent en Égypte, en Éthiopie et en Indonésie.
De nombreux facteurs contribuent à la prévalence des mutilations génitales féminines. Dans certaines sociétés, elles sont vues comme un moyen de contrôler la sexualité des filles et de garantir leur chasteté. Dans d’autres, elles constituent un prérequis au mariage ou à la succession. Dans les sociétés où cette pratique est le plus répandue, elle est souvent considérée comme un rite de passage pour les filles et les croyances liées à la religion sont fréquemment invoquées pour les “justifier”.
Certains progrès ont été réalisés au cours des 30 dernières années pour éliminer cette pratique. Dans plusieurs pays, les petites et jeunes filles courent beaucoup moins de risques que les précédentes générations de femmes. Cependant, ces progrès sont très inégaux selon les régions du monde. Selon l’UNICEF, plus de 90 % des femmes et des filles en Guinée et en Somalie subissent encore aujourd’hui une forme ou une autre de mutilation génitale féminine ou d’excision.
UN ENJEU MAJEUR : DÉNONCER LA MÉDICALISATION DES MGF
Environ une fille ou femme sur quatre ayant subi une mutilation génitale féminine (soit 52 millions de victimes de MGF dans le monde), a été excisée par un personnel de santé, selon une récente analyse de l’UNICEF.
Cette proportion est deux fois plus élevée chez les adolescentes : 34 % des victimes de MGF âgées de 15 à 19 ans ont subi des MGF médicalisées, contre 16 % des victimes âgées de 45 à 49 ans, ce qui indique une augmentation de la médicalisation de la pratique. Cette augmentation découle d’une croyance erronée selon laquelle les dangers des MGF sont d’ordre médical plutôt que de constituer une violation fondamentale des droits des filles. La médicalisation de la pratique des MGF n’élimine pas le danger qu’elle représente pour les femmes : un risque aussi bien physique que psychologique et une atteinte insupportable à l’intégrité du corps des femmes.
LES ASSOCIATIONS SOUTENUES PAR FÉMINISTES EN ACTION QUI SE MOBILISENT SUR LE TERRAIN
AU BURKINA FASO
Au Burkina Faso, une étude de 2015 démontre que 67,3% des femmes âgées de 15 à 49 ans et 11% des filles de moins de 14 ans ont subi des excisions. Le réseau pour la Promotion de la Femme Rurale mène un projet visant à prévenir et lutter contre ces pratiques dans les provinces du Zoundwéogo et du Kourwéogo.
Les actions prévues sont entre autres la promotion des droits à la santé sexuelle et reproductive (DSSR), la sensibilisation de la population sur les violences basées sur le genre, le mariage d’enfant, les mutilations génitales féminines, les exclusions sociales des filles enceintes avant le mariage coutumier et l’organisation des dialogues communautaires avec les leaders religieux et coutumiers.
L’un des objectifs est de réaliser des “causeries éducatives” sur les violences conjugales, les mariages d’enfants et les mutilations génitales féminines et l’exclusion sociale des filles enceintes. Ces activités seront organisées notamment avec des jeunes couples pour prévenir les violences conjugales, les mariages d’enfants et les mutilations génitales féminines. Des groupes de femmes, d’hommes et mixtes seront constitués dans les villages et participeront à des séances d’animation sur les relations entre les femmes et les hommes.
EN GUINÉE
En Guinée, les conditions de vie des filles et des enfants sont aussi caractérisées par des pratiques traditionnelles néfastes dont les mutilations génitales féminines et le mariage précoce. Ces pratiques sont très courantes malgré les nombreux textes de lois les interdisant. Elles sont source de violations des droits des filles et des femmes et contribuent à maintenir les inégalités des genres.
L’Enquête Démographique et de Santé (EDS) Mixte de 2012 indique que 97 % des femmes âgées entre 15 et 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines. 22 % des jeunes filles se marient avant l’âge de 15 ans et 63 % avant l’âge de 18 ans. 390 376 filles de moins de 15 ans sont encore victimes des MGF chaque année.
C’est dans ce contexte que le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée met en œuvre un projet pour améliorer l’accès à l’information des filles et des femmes sur leurs droits et sur les lois qui condamnent les violences basées sur le genre. L’objectif est de vulgariser des textes de lois et d’améliorer significativement les connaissances des services de protection existant en Guinée pour une meilleure prise en charge et un accompagnement des victimes grâce notamment à des sensibilisations communautaires.
Féministes en Action soutient la mobilisation des organisations de la société civile qui défendent le droit inaliénable des femmes à disposer de leur corps. Découvrez-les sur notre annuaire.