Être une association de promotion et de défense des droits et de la santé sexuels et reproductifs implique de se confronter à bon nombre d’obstacles, de défis et de tabous. Pour le Centre MARSA, basé au Liban, c’est un combat quotidien. L’organisation diffuse des messages positifs pour dédramatiser le rapport au corps et rappeler que la sexualité doit être joyeuse et épanouissante. Fatima Khalil et Sara Abu Zaki ont répondu à nos questions.
« Marsa adopte une approche positive de la sexualité lorsqu’elle aborde la question de la santé et des droits sexuels et reproductifs. » A travers les sessions de sensibilisation mises en place, MARSA aborde tous les sujets qui peuvent toucher au corps ou à la sexualité de manière décomplexée et déconstruit les idées reçues et les préjugés.
« Nos sessions de sensibilisation sont adaptées aux besoins des participant·es et visent à les impliquer activement en introduisant des activités et des discussions, leur permettant de s’exprimer et de faire part de leurs préoccupations les plus profondes. » Pour MARSA, une session réussie est un moment de partage et de discussions engageantes menées par les participantes elles-mêmes et modérées par les membres de l’association pour s’assurer que les informations et les connaissances échangées sont exactes.
Utiliser les réseaux sociaux pour lutter contre la désinformation
Pour MARSA, les réseaux sociaux sont un outil essentiel pour atteindre un large public et promouvoir les droits sexuels et reproductifs. Ils sont utilisés pour transmettre des informations scientifiques et factuelles dans une approche contextualisée, simple, inclusive et positive. « Cela joue un rôle crucial dans l’amélioration des connaissances du public sur des sujets clés tels que les infections sexuellement transmissibles, la contraception, le consentement, tout en brisant le tabou associé à ces sujets. »
Les réseaux sont un canal efficace pour promouvoir le changement social, lutter contre la désinformation et remettre en question les fausses croyances largement répandues en matière de santé sexuelle et reproductive. C’est aussi un moyen de renforcer la capacité d’action du public et de créer des communautés bienveillantes ou chacun·e peut trouver des réponses à ses questions.
Le choix d’un contenu et d’une formulation appropriée est une condition préalable cruciale pour faire passer les bons messages. C’est pourquoi MARSA a mis en place une stratégie de sélection des messages pour s’assurer qu’ils sont scientifiquement exacts, mais aussi contextuellement pertinents en prenant en compte les besoins et les lacunes de la population locale. Le centre privilégie notamment l’utilisation de l’arabe en dialecte local plutôt que l’arabe littéraire, car plus accessible aux arabophones du Liban et une traduction anglaise accompagne tous les messages diffusés.
Poursuivre la mobilisation malgré les retours de bâton
Au Liban, une vague de discours anti-droits a déferlé, ciblant en particulier la diversité et l’égalité des sexes, et portée par certaines élites politiques et religieuses. Un véritable « backlash » sur les organisations et les personnes qui travaillent à la promotion de ces droits. Si on préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, on pourrait considérer que cette réaction est en réalité une réponse aux différentes étapes franchies par les militantes et les acteurs de la société civile au Liban ces dernières années. Elle est virulente parce qu’aujourd’hui il y existe une meilleure prise de conscience des enjeux de la santé sexuelle et reproductive, y compris au sein des communautés les plus marginalisées.
« Le retour de bâton n’empêchera pas la société civile de continuer à jouer son rôle dans l’amélioration de l’accès à la santé sexuelle et reproductive, même si elle doit s’adapter à l’évolution du contexte ! »
A propos du centre MARSA : Marsa est un centre de santé sexuelle dont la mission est de plaider en faveur d’un accès équitable et inclusif à des services de santé sexuelle et reproductive non stigmatisants pour toutes et tous au Liban. Marsa s’est donné pour objectifs de : 1- Renforcer les soins de santé locaux et les rendre inclusifs en formant les prestataires de soins de santé 2- Produire des connaissances sur la santé et les droits sexuels et reproductifs par le biais de la recherche 3- Lutter contre la stigmatisation grâce à des campagnes médiatiques éducatives et non stigmatisantes sur des sujets clés 4- Promouvoir l’autonomie corporelle via des sessions de sensibilisation de groupe 5- Améliorer l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive en fournissant des services de santé sexuelle et mentale inclusifs et anonymes. |