Comment les associations africaines se mobilisent-elles pour défendre les droits des personnes LGBTQ+ ?

En Afrique, des associations se mobilisent pour défendre les droits des personnes LGBTQ+ qui sont particulièrement marginalisées et surexposées aux violences basées sur le genre et sur l’orientation sexuelle. Tour d’horizon dans cet article de leurs actions soutenues par l’initiative Féministes en Action.

Drapeau de la communauté LGBTQ+ sur la devanture du local de l’association ORMS Madagascar – crédit photo : CARE Madagascar

Inclure les femmes lesbiennes dans les mouvements féministes en Côte d’Ivoire…

Woman African Freedom (WAF) agit dans de l’écosystème féministe nationale en travaillant à l’inclusion des femmes lesbiennes au sein du mouvement. Les préoccupations des lesbiennes sont-elles discutées dans les mouvements de femmes ? Les espaces féministes accordent-ils une place aux communautés de femmes lesbiennes ? Des questions fondamentales que WAF s’efforce de mettre en avant, à travers l’organisation d’ateliers avec différentes associations, pour garantir que toutes les femmes soient représentées et que leurs avis soient bien pris en compte.

A travers son projet Connexion femmes, WAF souhaite, plus largement, faire évoluer la perception que la société ivoirienne a des femmes lesbiennes. Pour y parvenir, l’association met en œuvre des activités diverses : cellule d’écoute et d’action contre les violences basées sur le genre, identification et recensement des cas de lesbophobie et prise en charge des victimes. Une approche à 360° pour un impact durable. WAF organise également des ateliers avec des femmes qui s’identifient comme lesbiennes, bisexuelles et queer pour travailler sur les causes et les conséquences de leur difficile accès à l’emploi et sur la fragilité de leur situation économique.

…et à Madagascar

A Madagascar, l’inclusion et la prise en compte effective de toutes les diversités au sein des mouvements militants est aussi un défi à relever. L’Organisation Réseau Madagascar Solidarité (ORMS) a pris conscience du manque de visibilité des groupes de femmes lesbiennes au sein de son réseau. Pour faire évoluer la situation, l’association réalise des formations entre pair·es et organise des groupes de paroles dans les 6 arrondissements de la Commune Urbaine d’Antananarivo et 15 autres villes de Madagascar. ORMS appui également la structuration des associations de femmes lesbiennes membres du réseau afin qu’elles obtiennent leur enregistrement légal ce qui leur permet de prétendre à des subventions pour financer leurs projets.

Se mobiliser en tant qu’associations afin de lutter contre les discriminations basées sur le genre implique aussi de savoir faire son auto-critique et de s’interroger sur ses propres perceptions et comportements. Sans inclusion de tous les points de vue et de toutes les réalités, il ne peut y avoir de base solide pour la lutte en faveur de l’égalité !

Lutter contre les violences LBTQ+ au Bénin

Au sein de la société béninoise, le système patriarcal et les normes sociales qui rejettent l’idée qu’il existe plusieurs orientations sexuelles et identités de genre sont encore largement dominantes. Cette réalité expose les jeunes filles et femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et queer (LBTQ) à de nombreuses formes de violences et à l’exclusion. Elles sont particulièrement exposées aux mariages forcés, aux viols « correctifs » et aux agressions verbales et physiques.

Pour prévenir les violences à leur encontre et protéger les victimes, l’association AFRO BENIN organise des tables rondes avec des leaders communautaires et la société civile, lance des campagnes de sensibilisation et propose un suivi intégral aux victimes. A travers ces actions complémentaires, l’association agit à la fois dans le domaine de la prévention et de celui de l’accompagnement. Le projet mené par AFRO BENIN « Mon corps et moi », soutenu par Féministes en Action, vise à informer les communautés via des séances ludiques sur l’éducation complète à la sexualité et le droit à disposer librement de son corps.

L’existence même des communautés LGBTQ+ est encore largement taboue, voire considérée comme intolérable, dans de nombreux pays et communautés en Afrique. Défendre la dignité des personnes LGBTQ+, revendiquer leurs droits et en garantir le respect est un combat particulièrement difficile, voire risqué, à mener sur le terrain. Les associations mobilisées ont besoin de notre soutien !

La pénalisation de l’homosexualité en Afrique :
Sur le continent africain, la situation est très contrastée selon les pays. Certains n’ont jamais pénalisé l’homosexualité, comme la Côte d’Ivoire. En 2023, 27 pays répriment et condamnent l’homosexualité et 4 pays exercent encore la peine de mort pour des relations sexuelles entre personnes du même sexe. 40 pays sur le continent n’offrent pas de protection juridique pour les personnes LGBTQ+. Comme en Côte d’Ivoire, l’homosexualité n’est pas pénalisée à Madagascar et au Bénin.
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