Tchad : les conséquences du changement climatique sur les violences basées sur le genre

Du 12 au 16 mars 2024, une équipe de mission dirigée par Damienne Beksoubo, cheffe de projet Fonds-Féministe, a quitté Ndjamena pour une série de rencontres et d’échanges dans la province du Mayo-Kebbi Ouest. Cette initiative d’Oxfam au Tchad a rassemblé des membres de la société civile et des représentant·es des services étatiques démontrant une forte collaboration et un engagement commun en faveur du progrès du combat féministe. L’objectif ? Renforcer les connaissances, partager les expériences et les bonnes pratiques en vue d’améliorer l’efficacité des interventions des 18 OSC soutenues par Féministes en Action au Tchad face au changement climatique.

Une rencontre axée sur les conséquences concrètes du changement climatique au Tchad

Les premiers débats ont souligné l’urgence d’intégrer ces enjeux dans les actions de développement et de renforcer les capacités des communautés locales pour faire face à ces défis environnementaux.

Les participant·es ont identifié les changements climatiques comme l’une des principales causes de la pauvreté. Ils et elles ont souligné leur capacité à réduire le pouvoir économique des femmes et à aggraver le risque de famine. Ces changements entraînent des répercussions sociales, économiques et comportementales multiples et profondes, qui affectent directement les ménages. Parmi ces conséquences, on note la rareté des pluies, les inondations, la dégradation des sols et la faible production agricole, ainsi que les difficultés d’accès à l’énergie. Tous ces éléments représentent des défis majeurs à surmonter. Cette situation entraîne une paupérisation croissante des femmes, qui sont contraintes de rechercher des solutions alternatives pour subvenir à leurs besoins, surtout pendant la saison des pluies, où leur charge de travail domestique s’accroît. En outre, leur santé est menacée par des maladies liées au climat.

Ces impacts affectent tous les aspects de la vie des femmes, y compris la dynamique au sein des ménages, et peuvent souvent entraîner des violences.

Les VBG et le changement climatique : deux thématiques tristement enchevêtrées

Les discussions ont également porté sur les violences basées sur le genre (VBG), le droit et la santé sexuelle reproductive (DSSR) et l’autonomisation des femmes. Les associations luttant contre les violences basées sur le genre ont recensé 84 cas et à ce jour, 36 ont été traités. Un débat sur les expériences en matière de VBG a été animé par cinq organisations œuvrant dans ce domaine (APEFCIFDESKDLP – CELIAF – UFEP), mettant en lumière les succès, défis et témoignages poignants dans la lutte contre ces violences. Malgré les efforts déployés, les VBG persistent sous différentes formes, allant de la maltraitance aux féminicides, ainsi que des cas de harcèlement en raison du genre. Les OSC du sud du pays ont signalé des assassinats non résolus et des difficultés dans les enquêtes pour retrouver et punir les auteurs, illustrées par de cas accablants comme celui de l’assassinat d’une jeune fille à Komé.

Cet échange a permis de mettre en avant des initiatives novatrices telles que le centre d’écoute et les sensibilisations aux activités génératrices de revenus (AGR) menées à Ndjamena par le réseau APEF. Les participant·es ont débattu des moyens de prévention et de suivi des cas de VBG, et ont également croisé les statistiques des différentes OSC impliquées dans la sensibilisation et la lutte contre ces violences.

 Au terme de cette mission, les participant·es sont rentré.es le 16 mars dans leurs localités respectives, portant avec elles et eux de nouvelles idées, des recommandations concrètes et une détermination renforcée à poursuivre les actions en faveur d’un avenir durable et équitable pour toutes et tous. Cette initiative témoigne de l’importance des partenariats établis et de la nécessité d’intégrer les dimensions de genre et environnementales dans toutes les initiatives de développement, afin d’assurer un monde meilleur pour les générations présentes et futures.