L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES, UN ENJEU PRIORITAIRE DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT ?

L’OCDE a publié le 27 janvier les montants d’engagement d’aide publique au développement (APD) dédiés à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes entre 2020 et 2021. On observe un ralentissement significatif du financement de l’égalité femmes-hommes à l’échelle mondiale, et ce, malgré la tenue du Forum Génération Égalité en 2021, organisé par ONU Femmes, durant laquelle la communauté internationale s’était engagée à financer des actions en faveur des droits des femmes à hauteur de 40 milliards de dollars.

Qu’est-ce que l’aide publique au développement ? Comment les pays donateurs prennent-ils en compte les enjeux de promotion de l’égalité femmes-hommes ? Quelle est la place de la France dans les financements mondiaux ? Nous faisons le point dans cet article !

Illustration représentant une planète dans un symbole féminin avec la mention : l'importance de l'aide publique au développement genrée

Qu’est-ce que l’aide publique au développement ?

L’aide publique au développement (APD) comprend l’ensemble de l’aide financière apportée par les organismes publics des pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) aux pays en développement. Créé au sein de l’OCDE, le CAD réunit 30 membres des pays du Nord, c’est-à-dire les pays de l’Union Européenne, le Japon, l’Australie, la Corée, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis. La liste des pays éligibles à l’APD est définie par le CAD.

Selon l’OCDE, l’APD doit « avoir pour but essentiel de favoriser le développement économique et l’amélioration du niveau de vie des pays en développement« , en finançant, par exemple, l’éducation, la santé, l’environnement et le climat. Elle doit également être proposée à des conditions financières favorables, sous forme de dons ou de prêts concessionnels. Les prêts concessionnels sont des prêts à taux inférieur à celui du marché, avec une partie en don d’au moins 25 % qui ne sera pas remboursée.

Les pays membres du CAD se sont fixé pour objectif d’assigner 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l’APD. En 2021, seuls 5 pays ont respecté cet engagement (Luxembourg, Norvège, Suède, Allemagne et Danemark). 

La place de la France dans l’aide publique au développement mondial

En 2021, la France a contribué à l’Aide publique au développement à hauteur de 13,1 milliards d’euros, soit 0,51% de son RNB. Cela reste en-deçà de son engagement, mais la place au 5e rang des plus gros donateurs en valeur du CAD. Le 4 août 2021, la France a promulgué la loi dite de développement solidaire, qui prévoit de « s’efforcer d’atteindre 0,7% » du RNB en 2025.

Féministes en Action : de « l’aide publique au développement genrée” 

Co-piloté par deux organismes publics français, le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE) et l’Agence Française de Développement (AFD), le projet Féministes en Action est considéré au titre de l’APD. Il finance des projets dans certains des pays prioritaires de l’APD française, notamment le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, Haïti, Madagascar, la Mauritanie, le Niger, la RDC, le Sénégal, le Tchad et le Togo, en accordant des subventions sans contrepartie financière. En finançant des projets visant à l’égalité femmes-hommes, Féministes en Action s’inscrit dans ce qu’on qualifie d’APD genrée, une des priorités thématiques actuelles de l’APD française.

Un ralentissement mondial au niveau du financement de l’égalité femmes-hommes

L’APD genrée est l’APD qui prend en compte les obstacles spécifiquement liés à la condition féminine et qui vise à la promotion de l’égalité femmes-hommes. L’objectif est de mettre fin aux discriminations et aux violences subies par les femmes et les filles dans le monde entier et d’assurer notamment l’accès aux soins de santé sexuelle et procréative à toutes les femmes . Entre 2020 et 2021, les pays du CAD ont consacré en moyenne 57,3 milliards de dollars par an pour financer des projets ayant pour objectif principal ou significatif l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes et des filles. Cela constitue un ralentissement dans la tendance mondiale : l’APD bilatérale à l’appui de l’égalité femmes-hommes a représenté 42 % de l’APD totale en 2021, contre 46 % en 2020.

Les objectifs français en termes d’APD genrée

Durant cette même période, les engagements de la France en faveur de l’égalité ont augmenté, passant de 42% à 47% de l’APD française, dont 5% des projets financés ayant pour objectif principal d’atteindre l’égalité entre les sexes. Cela représente un engagement total de 5,5 milliards de dollars en 2021. La France est le 4e plus grand bailleur en valeur du CAD en matière d’égalité femmes-hommes derrière l’Allemagne, le Japon, et les Etats-Unis.

La loi de développement solidaire du 4 août 2021 consacre la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes en tant que priorité transversale de l’APD française. Elle prévoit que 75 % de l’APD française soit allouée à la promotion de l’égalité femmes-hommes, dont 20 % spécifiquement dédiés à cet objectif. Concrétiser les engagements de la loi se traduirait par l’allocation de 3,4 milliards d’euros pour la promotion directe de l’égalité femmes-hommes d’ici à 2026. Les efforts de la France pour orienter l’APD sur les questions liées au genre sont à saluer. Les membres du consortium de mise en œuvre du Projet Féministes en Action resteront attentifs à la réalisation des engagements pris dans ce domaine.