Elles se dirigent les unes après les autres vers un hôtel de la capitale guatémaltèque. Elles viennent de loin : de l’Equateur, du Mexique ou de la Colombie. Certaines sont habillées en huipil – la tenue traditionnelle maya – certaines portent un sac coloré sur le dos, d’autres trainent leurs valises. Elles ont toutes le sourire aux lèvres, heureuses de se retrouver pour la seconde fois. Elles, ce sont les représentantes des organisations de terrain soutenues par Féministes en Action en Amérique latine. Pendant quelques jours, en ce début d’octobre 2023, elles vont mobiliser toute leur intelligence collective pour faire éclore un projet de plaidoyer régional commun.
Les voix des femmes et des féministes d’Abya Yala
Rappelez-vous, c’était en novembre 2022, les voix des femmes et des féministes d’Abya Yala s’étaient déjà élevées pour revendiquer leur volonté commune de défendre les droits sexuels et reproductifs de toutes les femmes et de participer à une conférence régionale onusienne sur le sujet : la conférence sur le consensus de Montévideo+10.
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Petit point historique : le Consensus de Montevideo sur la population et le développement est un accord régional issu de la première réunion de la Conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes (2013). Elle établit des mesures pour la mise en œuvre au niveau régional du Plan d’action du Caire, qui propose des objectifs concrets en matière de santé, de statut juridique et social des femmes et de développement social.
Cette première édition fut un succès : les organisations présentent ont pu apprendre à se connaître, partager leurs expériences de plaidoyer et faire le point sur les défis et les difficultés qui les attendaient. Et ils sont nombreux. Mais l’équipe est désormais soudée autour un objectif commun et emmenée par la Red de Salud (organisation régionale experte du plaidoyer), elles se sentent prêtes à relever le challenge.
Défendre une approche intersectionnelle des droits des femmes
Toujours les mêmes organisations, et la même motivation, la semaine de travail s’ouvre avec une cérémonie maya. Placées en rond autour d’un autel composé de fleurs, bougies, maïs et graines de haricots, les participantes, main dans la main, ferment les yeux, se concentrent et s’ancrent dans le moment présent. Galvanisée par la joie de se retrouver, toutes les participantes sont prêtes à se mettre au travail. Après un bref rappel des décisions de l’année passée, il est temps de se définir en tant que groupe et de déterminer sa valeur ajoutée : que veulent-elles défendre concrètement et selon quelle approche et quelle méthodologie ? Quels sont les messages clés ? Quel est le positionnement politique ?
Leurs combats sont communs mais, paradoxalement, ce qui les rassemble ce sont aussi leurs différences. C’est pourquoi elles décident de travailler sur un discours intergénérationnel et intersectionnel et de le prononcer d’une seule et même voix. Qu’elles soient jeunes, lesbiennes, afrodescendantes, en situation de handicap, originaires d’une communauté indigène, toutes les femmes doivent pouvoir jouir des mêmes droits sexuels et reproductifs !
« Pour moi, il est important de participer à cette réunion avec des femmes de différentes organisations, de différentes cultures avec diverses idées et opinions, parce que nous préparons tout ce processus pour nous rendre à la conférence des 10 ans du consensus de Montevideo, pour y être présentes et, de notre voix, faire en sorte que les États respectent les accords et les questions relatives aux peuples indigènes, à l’éducation, à la santé sexuelle et reproductive et à toutes les questions qui concernent les femmes. » Elizabeth Cabrera, Nim Alaxik, Guatemala.
Et pour cela, la première étape est de prendre en compte, d’analyser et faire le constat collectif des discriminations spécifiques qu’elles subissent au quotidien. C’est ce qui établit la base d’une approche féministe intersectionnelle et c’est ce que le réseau défendra en novembre prochain, lors de la prochaine conférence du consensus de Montevideo qui aura lieu à Santiago de Chile.
Rendez-vous pris pour le 14 et le 15 novembre ! D’ici là, découvrez prochainement sur notre site internet dans l’onglet ressources un espace dédié aux travaux de préparation à la conférence du consensus de Montévidéo+10 réalisés par les organisations et suivez-nous sur les réseaux sociaux pour ne rien manquer !