BANGLADESH : LUTTER CONTRE LE FLEAU DES MARIAGES D’ENFANTS

Au Bangladesh, 29 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans et 65 % avant l’âge de 18 ans. Des associations militent sans relâche pour empêcher le fléau des mariages précoces et sensibiliser les filles sur leurs droits sexuels et reproductifs. C’est le cas de deux associations financées par le Projet Féministes en Action : Breaking the Silence et Welfare Association for Development Alternative.

Ilustración que simboliza el matrimonio infantil y forzado de una mano que intenta poner un anillo en el dedo de otra forzándola.

UN CONTEXTE DÉFAVORABLE AUX JEUNES FILLES

Le taux de mariages précoces au Bangladesh est le plus élevé d’Asie du Sud, et le quatrième au niveau mondial après le Niger, la République Centrafricaine et le Tchad.

Bien qu’illégal depuis 1929, le mariage d’enfants continue d’être une pratique extrêmement répandue au sein du pays. La cause principale en est la pauvreté des populations, encore aggravée par les catastrophes naturelles et le changement climatique. Le mariage d’enfants est souvent utilisé comme un « mécanisme d’adaptation » pour les parents, qui sont incapables de nourrir leurs enfants et qui préfèrent les marier pour qu’ils puissent survivre. A la pauvreté, s’ajoutent d’autres facteurs tels que le manque d’accès à l’éducation, la pression sociale, le harcèlement et le système de la dot.

Le mariage précoce a des conséquences désastreuses sur les jeunes filles : mise en danger de leur santé et risque accru de décès lors des grossesses précoces et des accouchements, résultats scolaires inférieurs, déscolarisation, incidence plus élevée de la violence conjugale et probabilité accrue de pauvreté. Selon le Bangladesh Demographic and Health Survey (BDHS) de 2007, 35 % des adolescentes mariées en milieu rural et 40 % des adolescentes mariées en milieu urbain ont subi une forme ou une autre de violence de la part de leur mari ou de leur ex-mari.

LE COMBAT DES ASSOCIATIONS CONTRE LES MARIAGES PRÉCOCES

Face aux dangers des mariages précoces, les associations Breaking the Silence et Welfare Association for Development Alternative s’engagent pour protéger et promouvoir les droits sexuels des femmes et des adolescentes et les rendre économiquement autonomes. Elles luttent contre trois des problèmes les plus préoccupants qui affectent la santé et les droits sexuels et reproductifs des jeunes au Bangladesh : la violence basée sur le genre, le mariage des enfants et les grossesses des adolescentes qui y sont associées.

UNE DISCRIMATION ACCRUE PARMI LES COMMUNAUTÉS MARGINALISÉES

Les deux organisations ciblent en particulier les jeunes filles, les femmes et les enfants des communautés traditionnellement marginalisées, les Dalits (« Intouchables ») et les minorités ethniques. En raison de leur isolement, les communautés marginalisées ont peu d’accès aux services de santé et aux services sociaux, ce qui entraîne un taux plus élevé de mariages d’enfants et une très faible prise en compte des violences faites aux femmes et aux enfants.

ZOOM SUR LA SENSIBILISATION DES JEUNES FILLES SUR LA SANTÉ ET LES DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS

Breaking the Silence a lancé le projet Health and Safety for Girls and Women, soutenu financièrement par Féministes en Action. Le projet consiste en des formations et des réunions de groupes pour sensibiliser les jeunes filles et les femmes sur leurs droits sexuels et reproductifs. Ce projet est mis en place dans un des districts les plus vulnérables aux mariages précoces, Satkhira, au sud-ouest du pays.

Welfare Association for Development Alternative a mis en place un projet très complémentaire, qui vise à améliorer les connaissances et les compétences des adolescentes et des jeunes femmes marginalisées en matière d’hygiène menstruelle, de contraception moderne et d’urgence, de dépistage du VIH et des IST, de gynécologie et de services liés à la grossesse.

Au Bangladesh, le combat contre les mariages précoces et pour les droits des femmes et des filles est un travail de longue haleine. Des associations locales féministes s’y attèlent avec énergie et courage dans un contexte particulièrement difficile. Elles sont convaincues de contribuer à construire – au niveau individuel mais aussi collectif – un avenir meilleur.

Pour en savoir plus sur l’action des OSC féministes dans le monde, rendez-vous dans la section Actualités.