Au Guatemala, les femmes autochtones sont les plus touchées par les décès maternels. Elles représentent 66 % des décès maternels alors que les communautés autochtones ne représentent que 43 % de la population. L’association Nim Alaxik milite pour procurer des soins sûrs et de qualité aux mères autochtones.
Les comadronas, des actrices essentielles dans les communautés rurales
Le taux élevé de mortalité maternelle chez les femmes autochtones peut s’expliquer par le niveau plus élevé de pauvreté dans leurs communautés et par les inégalités d’accès aux soins de santé dans les zones rurales où elles vivent en majorité. Quand les femmes autochtones se rendent à l’hôpital pour accoucher, elles sont souvent traitées avec condescendance par le personnel hospitalier, voire avec un certain mépris. De plus, la plupart des services hospitaliers sont uniquement fournis en espagnol. Cela altère la qualité des soins et l’expérience des femmes autochtones pour qui ce n’est pas la première langue ou qui même, parfois, ne maitrisent pas l’espagnol.
Face à ce manque de considération au sein des services de santé, beaucoup de femmes choisissent d’accoucher à domicile en étant accompagnée par une comadrona. Une comadrona est une sage-femme traditionnelle de la communauté, qui parle leur langue et qui respecte les coutumes locales. Les comadronas sont des cheffes communautaires très respectées dans les communautés autochtones du Guatemala. Elles pratiquent des accouchements en fournissant des soins culturellement appropriés aux femmes autochtones, comme les massages abdominaux, les bains de vapeur traditionnels (temazcal), les prières et les enterrements rituels du placenta. Elles constituent souvent la première source d’information pour les femmes en milieu rural, où il faut parfois des heures pour se rendre à l’hôpital le plus proche et où les croyances ancestrales jouent un rôle important dans la vie quotidienne.
Deux systèmes de santé parallèles
Deux systèmes de santé coexistent donc : le système de santé officiel, dans les hôpitaux ou les cliniques, et le système traditionnel fondé sur la médecine ancestrale porté par les comadronas. Le gouvernement guatémaltèque a officiellement reconnu l’importance des comadronas pour l’amélioration de la santé des femmes autochtones. Cependant, l’intégration de celles-ci au système de santé officiel reste difficile. Dans le milieu hospitalier, elles sont généralement méprisées par le personnel hospitalier et sont confrontées au manque de volonté politique des institutions publiques, en particulier du ministère de la santé. Elles peinent donc à faire respecter leurs droits et ceux des femmes qu’elles accompagnent.
L’association Nim Alaxik, en quelques mots
Féministes en Action soutient et finance l’Asociación Guardianas del Movimiento Nacional de Abuelas Comadronas Nim Alaxik (Association des Gardiennes du Mouvement National des Grands-mères Sages-femmes Nim Alaxik), qui contribue à renforcer les capacités d’action des comadronas.
Nim Alaxik lutte pour la reconnaissance des savoir-faire et connaissances des comadronas en médecine ancestrale et, plus largement, contre les discriminations à l’encontre des communautés autochtones.
L’engagement de Nim Alaxik a aussi une dimension politique : en tant qu’autorités ancestrales impliquées dans la santé communautaire autochtone, les comadronas mènent des actions de plaidoyer auprès des instances publiques pour obtenir la reconnaissance et le respect de leur travail, mais aussi pour revendiquer une harmonisation horizontale des deux systèmes de santé.
Zoom sur le projet “Fortalecimiento a abuelas comadronas”
Actuellement, Nim Alaxik mène un projet visant à donner aux comadronas les moyens de contribuer à la réduction des grossesses non désirées grâce à des ateliers de formation. Ces formations permettent de renforcer les connaissances des comadronas, qui, à leur tour, les transmettent aux familles et aux nouvelles générations dans leurs communautés, qui ont peu d’accès aux informations sur la santé sexuelle et reproductive.
L’objectif est de mettre en place des espaces conviviaux qui permettent de faire évoluer les pratiques, les comportements, les préjugés et les attitudes négatives, sexistes et patriarcales à l’égard du corps et de la sexualité.
Entre tradition et modernité, savoirs ancestraux et techniques modernes, les comadronas guatemaltèques sont un rouage essentiel pour contribuer à garantir aux femmes des communautés autochtones un meilleur accès à la santé sexuelle et reproductive et à une maternité sans violences.
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