Après la douche froide, c’est un sentiment d’incohérence que partage les acteurs et les actrices de la solidarité internationales. Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, a annoncé le 18 février dernier une coupe de près de 800 millions d’euros dans le budget de l’aide publique au développement (APD) alors même qu’une loi promulguée en 2021 avait entériné son augmentation de 5 milliards d’euros sur deux ans.
La position de la France est intenable
Lors de son discours, le Ministre à la tête de Bercy a annoncé l’intention du gouvernement de compenser la baisse anticipée de la croissance française en 2024, par des économies de 10 milliards d’euros. Sur cette somme, 742 millions d’euros ont été amputés du budget de l’aide internationale française. Une baisse significative qui représente 12,5% du budget annuel de 5,9 milliards prévu dans la loi de finance pour cette année.
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Il y a quelques mois déjà, la France a encore discrètement reporté son objectif (promis depuis des décennies !) d’allouer 0,7 % de sa richesse nationale – le PIB – à l’aide publique au développement. Actuellement, la France plafonne aux alentours de 0,5 %. La loi promulguée en 2021 devait changer la donne pour enfin atteindre cette promesse adoptée par de nombreux pays dès 1970.
Au même moment, en juin 2023, la France a organisé un sommet ambitieux pour un nouveau pacte financier et même dessiné un plan de bataille mondial pour lutter contre les ravages du dérèglement climatique et réduire significativement la pauvreté. Les signaux envoyés par le gouvernement sont aujourd’hui illogiques et contradictoires.
Le secteur de la solidarité internationale mobilisé pour renverser la vapeur
Dans une tribune publiée dans Le Monde, plus d’une centaine d’organisations de la solidarité internationale souligne que la France renie ses propres engagements, envoie un signal incompréhensible et se décrédibilise sur la scène internationale.
Il reste encore certaines zones d’ombres. Le gouvernement n’a pas encore clarifié la répartition de cette coupe budgétaire. Il est à noter qu’une grande partie du budget total de l’aide internationale est incompressible. Cela pour deux raisons : soit parce qu’elle relève du fonctionnement des ministères chargés de distribuer cette aide, soit parce que la France a contracté des engagements contraignants, sur lesquels il est impossible de revenir.
Quelle que soit la répartition finale, avec cette annonce, la France revient sur sa promesse de maintenir et d’augmenter son aide aux pays en développement. Le secteur de la solidarité internationale exhorte le gouvernement à revoir sa copie. Couper dans le budget de l’aide publique au développement aurait pour conséquence de mettre fin à des projets et des programmes vitaux pour des milliers de personnes à travers le monde et menace le soutien aux organisations féministes !