WOMEN DELIVER 2023 : Un bilan en demi-teinte

Du 17 au 20 juillet derniers a eu lieu à Kigali la 6ème édition du Women Deliver. Une grande conférence internationale qui a réuni près de 6000 personnes et des centaines d’organisations de la société civile dans un but commun : faire concrètement avancer les droits des femmes et des filles à travers le monde et plus particulièrement les droits et la santé sexuels et reproductifs. C’était aussi une occasion pour les organisations féministes de se rencontrer et de se (re)voir, de partager leurs expériences et connaissances et de créer des synergies. C’est l’heure du bilan !

Les féministes en action font entendre leurs voix

23 associations soutenues par l’initiative Féministes en Action on fait le déplacement jusqu’à Kigali. Parmi ces organisations de la société civile, la plupart sont basées en Afrique de l’Ouest mais quelques associations représentaient également l’Amérique Latine et le Moyen-Orient. Quel était le sens de leurs messages ?

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Bénédicta ALOAKINNOU, de la Fondation des Jeunes Amazones pour le Développement (Bénin) le résume ainsi : « Aucun agenda pour les droits et la santé sexuelle et reproductive ne pourra être transformatif si nous ne l’accompagnons pas d’approches féministes et intersectionnelles. De l’éducation des garçons à l’empouvoirement des filles, du renforcement du cadre juridique à l’accompagnement holistique des survivantes, nous, sociétés et politiques devons agir maintenant. Nous n’attendrons plus. »

Décloisonner les actions et les financements

Les associations appellent également les bailleurs, notamment institutionnels, à accroitre significativement leur vigilance et à revoir les critères d’éligibilité sur les fonds et les subventions accordés. Au-delà des critères financiers et purement administratifs qui garantissent la stabilité des structures, il est primordial d’évaluer la qualité des projets et de considérer les positionnements des associations sous peine de risquer de financer des programmes antiféministes.

Lors de l’événement « catalyser l’action pour agir sur les défis négligés des droits et de la santé sexuels et reproductifs » organisé par l’Agence Française de Développement, Zipporah Ndione, membre de ROAJELF Sénégal, réseau bénéficiaire de Féministes en Action est intervenue pour présenter le Projet. A l’occasion de son allocution, elle a rappelé la nécessité de financer des projets structurants pour être capable en tant qu’organisation de faire face aux mouvements anti-droits mais aussi l’importance de parvenir à catalyser les différentes initiatives et les différents projets pour un mouvement d’ensemble et de décloisonner les actions avec des approches multisectorielles et holistiques.

Pour en apprendre plus sur les revendications des féministes d’Afrique de l’Ouest, vous pouvez consulter ce document réalisé avec le soutien d’Equipop.

Les mouvements anti-droits n’ont pas leur place dans nos espaces

Cette sixième édition de la conférence fut largement marquée par la menace des mouvements anti-droits qui parviennent à se faire une place partout, y compris à la table de conférences internationales, et même du Women Deliver ! La cérémonie d’ouverture a été entachée par la présence de Katalin Novak, présidente hongroise et figure emblématique des mouvements anti-droits qui s’est exprimée face à un public sidéré et en colère. Toute la semaine, les associations ont martelé sans relâche l’importance de se mobiliser contre ces mouvements, d’être bien plus visibles et organisées pour les contrer.

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La nécessité de créer des espaces féministes francophones

« Nous avons besoin de plus d’espaces francophones, mais aussi que la langue ne soit pas une barrière. » Dieynaba Ndiom, Initiative pour la Santé de la Reproduction, Mauritanie.

Durant la semaine, la plupart des organisations africaines et francophones ont revendiqué une meilleure prise en compte de la barrière de la langue. La grande majorité des conférences se sont déroulées en anglais, leur donnant l’impression d’être exclues de la plupart des discussions. Elles ont déploré le manque d’espaces francophones et se sont organisées pour mener une action revendiquant une justice linguistique sur leurs réseaux sociaux. L’inclusion linguistique demeure un enjeu pour garantir une pleine participation de l’ensemble des voix féministes et particulièrement durant les grands rassemblements internationaux.

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