Les droits des femmes et, a fortiori, les combats féministes sont des luttes éminemment politiques qui s’attaquent aux normes sociales et culturelles ancrées dans la plupart des sociétés humaines. Les féministes s’attaquent aux mécanismes de pouvoir et de domination patriarcaux. Ces luttes sont donc particulièrement sensibles dans des contextes culturels fortement régis par le fondamentalisme religieux et la montée d’un conservatisme anti-genre et anti-LGBTQIA+.
La banalisation des violences
Les activistes féministes doivent se confronter à une société encore pétrie de représentations misogynes et sexistes. Un récent rapport de l’OCDE constate qu’à l’échelle mondiale, un tiers des femmes âgée de 15 à 49 ans pense qu’il est normal de frapper sa femme dans certaines circonstances, notamment si elle brûle le repas ou si elle sort sans autorisation. Les violences à l’égard des femmes sont largement tolérées dans nos sociétés et au sein même des foyers donnant un sentiment d’impunité pour les agresseurs. Les violences sont tellement banalisées et intériorisées que cela remet en question la lutte pour les éliminer voire ridiculise le combat des associations féministes.
Des normes internationales inappliquées et des lois inexistantes
Depuis trois décennies, grâce aux organisations féministes, de nombreuses lois et conventions internationales ambitieuses en faveur des droits des femmes ont été adoptées. Cependant elles ne sont pas suffisamment intégrées dans les législations nationales ou bien peu appliquées dans les faits. En Afrique, c’est le cas du protocole de Maputo, adopté le 11 juillet 2003, consacrant un grand nombre de droits fondamentaux visant à l’élimination des discriminations et des violences à l’égard des femmes. Ce protocole a été signé par la plupart des pays africains (hormis le Maroc, l’Égypte et le Botswana), les engageant à prendre des mesures concrètes et des lois pour garantir les droits consacrés. Dans certains pays des lois existent (Tchad, Côte d’Ivoire, Tunisie par exemple) mais ne sont pas ou peu appliquées. Dans d’autres cas, comme en Mauritanie, les lois n’existent pas du fait du blocage du processus législatif par des mouvements conservateurs. Lorsque les lois existent, elles sont souvent méconnues et peu appropriées par les populations.
Les féministes en danger
Dans un grand nombre de pays le fait de se revendiquer féministe constitue en soi un danger. Les activistes sont diabolisées et menacées car elles remettent en question les règles établies. Au sein même des organisations soutenues par Féministes en action, des militantes féministes ont été menacées de mort et ont dû être mises à l’abri où subissent du cyber harcèlement sur les réseaux sociaux. Certaines lois comme l’interdiction de l’accès à la contraception pour les femmes non-mariées, la criminalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), la pénalisation des LGBTQIA+ poussent des organisations féministes dans la clandestinité et les exposent à des représailles légales. Soutenir ces organisations est pourtant vital et primordial pour espérer atteindre les objectifs que s’est fixée la communauté internationale et la France en matière de promotion et de défense des droits des femmes et des minorités de genre.
Cet environnement défavorable aux combats féministes souligne la nécessité de les soutenir et des financer avec un objectif clair, celui de renforcer les organisations de terrain et renforcer l’écosystème dans son ensemble. Vous souhaitez en savoir plus sur l’environnement actuel et les dynamiques de backlash dans le monde ? C’est par ici !